Huguette, qui savait pas comment faire avec sa collègue qui en avait gros sur la patate...
samedi 6 février 2016, par
…à propos de ce qui s’était passé avec X
Je suis Huguette, je travaille en périscolaire ; dans notre équipe, nous voulons tous et toutes éviter les petites histoires et je tiens à être en bon terme avec "chacun de nous" ; il faut dire, la bienveillance, pour nous, c’est sacré !
L’autre soir, juste avant de quitter le travail, Lisa, ma collègue, avait l’air préoccupée : "qu’est-ce que t’as ? t’en fait une drôle de tête ! Ya quelque chose qui va pas ?" lui ai-je dit. Et là Lisa a évoqué son souci avec Cédric, avec qui elle est en binôme sur les animations pour les plus grands". "Je comprends mieux ta tête, lui ai-je dit, voulant la soutenir et lui témoignant ma sympathie. Il pourrait effectivement faire davantage attention !". J’étais surpris par ce que je venais d’entendre, et en même temps je souhaitais ne pas en faire cas. Jusqu’à ce que, quelques jours plus tard, après quelques tensions entre moi et Cédric, alors que j’étais avec Anita et Ghania, je leur parle anecdotiquement de cette petite histoire...
Ainsi naissent, selon l’expression empruntée à Françoise Keller*, les "camembers puants dans les placards !"
Ca vous rappelle quelque chose ?... ;)
Et si s’entr’aider à stopper les rumeurs à propos d’un(e) collègue était simple et possible ?
Analyse
Je vous propose ici un regard possible (parmi d’autres !) sur cette situation.
Lorsque Huguette écoute Lisa et la rejoint dans son idée que "oui, Cédric exagère !" : elle lui apporte une écoute sympathique, ce qui certes peut soulager Lisa à très court terme (pendant 5 minutes), mais qui, à moyen terme comme à long terme, ne lui rend pas service, et ne l’aide pas à résoudre son souci avec Cédric.
Ce qui pourrait aider Lisa, ce serait de lui indiquer que ce n’est pas avec moi que l’affaire peut se résoudre.
Quelques leviers :
Dans pareilles situations, lorsqu’un collègue aborde ce qu’il a vécu à propos d’une tierce personne :
Je peux honorer son besoin d’écoute ; par exemple : "je vois que ça te pèse, ce que tu a vécu avec untel".
Je peux aussi lui proposer l’écoute empathique*
Je peux aussi lui signifier que je ne suis pas la bonne personne à qui en parler, tout en reconnaissant sa préoccupation : "tu sais, je vois bien que tu es chagriné-e par ce qui s’est passé, et en même temps, moi je ne peux rien faire.
Je peux l’inviter à en parler avec la personne concernée ; par exemple : "pourquoi tu n’irais pas en parler avec lui ? Si ça se trouve il ya eu un malentendu entre vous".
On peut aussi discuter puis déterminer ensemble, en équipe, ce qu’il est possible de faire dans pareilles situations. Et alors chacun pourra se sentir "légitime" dans son positionnement à ne pas laisser les rumeurs s’installer.
Certaines équipes ont pu témoigné :
" Je travaille plus séreine, dégagée de la crainte qu’il puisse circuler des rumeurs à mon propos, puisque maintenant je sais que si quelqu’un à quelque chose à me dire, il le fera".
"Maintenant, s’il y a un différend, il est au moins parlé, même si celui-ci ne se lève pas toujours. Ca évite des fuites d’énergie, ça aide à rester disponible auprès des enfants".
"Faire comme ça m’a permis de mieux connaître chacune de mes collègues, dans sa sensibilité particulière, et unique : je peux ainsi mieux prendre soin de mes collègues au quotidien"
Une ambiance plus détendue, c’est une équipe plus créative !!
Source d’inspirations/références :
Françoise Keller, in Pratique de la CNV au travail, Interéditions, 2013.
Affect et travail d’équipe, in Métiers de la Petite Enfance n°201, 2013.
Interview de Pascale Molho, radiocnv.fr de Diane Baran, mai 2015.