Les inquiétudes d’une équipe à propos d’un enfant accueilli
vendredi 6 janvier 2017, par
Spécifique accompagnement des 0-3 ans :
La petite histoire :
"Nous accueillons Léo, âgé de 10 mois, une à deux demi-journées par semaine, en "accueil occasionel". Nous nous sentons actuellement mal à l’aise avec les parents : nous voudrions leur dire des choses. En effet, d’un côté, nous nous posons des questions à propos de son développement psychomoteur, sans pouvoir nommé plus précisément ce qui nous inquiéte. Il est comme pataud ; ses mouvements sont saccadés, il pleure beaucoup, nous le percevons comme "peu acteur". D’un autre côté, lors de l’accueil, nous avons remarqué que ses parents l’installent assis sur le tapis ; position de laquelle il n’arrive pas à sortir - ni à s’y mettre seul, d’ailleurs. Nous nous demandons comment parler de tout cela avec les parents... d’autant que nous avons récemment suivi une formation, avec laquelle nous avons compris l’importance de ne pas asseoir un enfant qui ne sait pas le faire lui-même. Bref nous voilà bien embêtées".
Ça vous rappelle quelque chose ?...
Comment échanger et que dire avec les parents
à propos de nos inquiétudes et de ce que nous voyons ?
Analyse :
Je vous propose ici un regard possible (parmi d’autres !) sur cette situation.
On peut déjà se demander : "qui a quel problème ?" ; autrement dit : "quelle est la part de la situation qui nous appartient, à nous, équipe ? Seule l’équipe elle-même pourrait clarifier cela. Je vois cette démarche comme indispensable avant toute communication à ce sujet avec les parents.
Pour exemple :
"Dans la situation, part qui nous appartient :
Nous avons besoin de vérifier que nous faisons bien tout ce qui est en notre pouvoir, au sein de la crèche, pour favoriser un développement harmonieux, c’est-à-dire : au sein de la crèche.
Nous nous sentons responsable d’informer les parents sur l’impact des attitudes d’adultes, tel qu’elles influencent le développement du tout-petit. Nous avons à coeur de passer des informations aux parents
Informer que nous sommes interpelés par le développement du tout-petit fait partie de notre rôle."
"Dans la situation, part qui appartient aux parents :
Ce qu’ils vont faire des informations transmises.
Les démarches qu’ils pourraient faire pour réfléchir à leur façon de soutenir le développpement psychomoteur de leur tout-petit à la maison".
Une telle clarification permet :
de se recentrer sur son pouvoir d’action
de clarifier son positionnement, avant et en vue d’un échange à ce propos avec les parents.
Elle permet d’éviter l’écueil de se perdre à propos de ce qiu’on souhaiterait que les parents fassent, ce dont on souhiaterait qu’ils soient convaincus etc.
Quelques leviers :
Nous pouvons déjà, choisir un moment opportun pour un échange envers les parents
Nous pouvons proposer cet échange : "nous souhaitons échanger avec vous à propos votre enfant, seriez-vous d’accord pour que nous prenions un moment pour cela, par exemple, lorsque vous viendrez le chercher ?"
Nous pouvons nous relier à notre intention et à présenter au parent : "voilà, nous avons à coeur dans notre travail, d’honorer notre rôle en vous informant de ce que nous avons repéré, qui, à la crèche, semble aider Léo dans son chemin de "ptit d’homme" ; et aussi nous vous proposons de vous transmettre des informations à propos de ce que nous avons cormpris, de ce qui facilite le développement psychomoteur".
Tout au long de l’échange, il s’agit de se relier à l’intention d’informer (et non de convaincre !). Et c’est en observant votre façon de réagir lorsque les parents vous paraissent sceptiques, que vous pourrez confirmer ou informez que votre énergie est bien au service d’informer, et non de convaince...ou qu’au contraire vous vous êtes éloigné(e) de votre attention première, et que votre énergie est au service de vouloir les convaincre...ou d’avoir raison ! Car le risque est alors que l’échange s’inscrive dans une dynamique souterraine de rivalité avec les parents, où l’un aurait tort et l’autre raison, chacun étant convaincu de sa position !
Orienter vers des sites, ou proposer des plaquettes explicatives peut s’avérer intéressant. Car l’information transmise ne vient alors pas de vous, et cette démarche vous offre alors la possibilité de vous trouver dans un second temps de "faire tiers" entre l’information transmise et la première perception/impression du parent ayant reçu l’information. Cela vous permet de meixu accompagner le parent, qui peut se sentir déstabilisé de lire une information différente de sa façon "habituelle" de s’y prendre avec son enfant.
Souvenons-nous : la première réaction "à court terme" est surtout émotionnelle ; et le parent peut être reconnaissant, dans un second temps, d’un positionnement professionnel qui, dans un premier temps, n’a pas fait fi de sa première réaction, souvent très émotionnelle, surtout si celle-ci a pu être accueillie empathiquement, tel qu’elle était sans jugement.
Références :
écoute active, communication non violente, analyse transactionnelle.